J’ai été un curé comme les autres : heureux et débordé ! Nommé en banlieue de Lyon, j’ai disposé de très peu de temps pour découvrir le quartier et les paroissiens. Très vite, j’ai été happé par toutes les demandes à satisfaire. Il fallait simultanément déballer mes cartons, organiser le catéchisme, les préparations aux baptêmes et au mariage, la liturgie. Sans parler de l’ouverture de l’église, du secrétariat, des finances, des peintures… Il me fallait donc m’appuyer sur des paroissiens actifs. Sauf qu’il n’y en avait pas suffisamment. Une paroisse normale, en somme !
Au bout d’un an, voici quel fut le bilan. Une petite équipe - sept personnes fiables, généreuses et profondément enracinées dans la foi - s’était constituée pour porter toutes ces questions. Ensemble, nous avions pu « embaucher » ceux que la Providence nous avait envoyés. C’était bien, mais encore très insuffisant. Nous avions besoin d’une « couronne de personnes », unies dans la foi et dans l’amour, pour porter les différentes missions avec nous. En d’autres termes, il fallait un cœur pour la paroisse. Il existait en partie, mais il était trop petit.
Sans ce « cœur », comment pourrions-nous accueillir, dans un esprit missionnaire, les enfants du catéchisme et leurs parents, les jeunes de l’aumônerie, les futurs époux, les parents demandant le baptême de leurs nouveaux-nés, les catéchumènes, etc. ? Il nous fallait former des chrétiens épris de Jésus, capables d’aller frapper aux portes, d’accueillir au presbytère, ou de recevoir chez eux.
Submergés par mille demandes, nous devions donner du temps pour une priorité : conduire quelques-uns à être saisis par l’amour de Dieu. En réalité, c’est l’essentiel. Jésus ne s’est pas laissé happer par les attentes des foules. Il a consacré une part importante de son temps à former les douze hommes reçus de son Père. Il leur a transmis la Parole de Dieu et les a consacrés à son Père. C’est ainsi qu’il a fondé l’Eglise.
D’une certaine façon, chaque curé est envoyé par son évêque pour fonder l’Eglise dans un lieu donné. Si nous communiquons la Parole de Dieu à quelques disciples qui seront brûlés par l’amour de Jésus, alors l’ensemble de la paroisse vivra de Dieu. Et aussi tous ceux qui frapperont à la porte de la paroisse pour une célébration des saisons de la vie (baptême, mariage, funérailles), une célébration de l’année liturgique (Rameaux, Noël, Toussaint…), ou pour une autre raison.
Comment former le « cœur vivant » de la paroisse ?
- Les pèlerinages et les retraites
Emmenez des paroissiens en pèlerinage à Lourdes, Paray-le-Monial, Assise ou Rome. Ils reviendront transformés par l’expérience de la foi vécue ensemble. Unis en Dieu, ils seront prêts à servir d’autres. C’est aussi ce qui se passe dans les retraites : organisez trois jours en silence, pour quelques paroissiens. Résultat assuré !
- les petites fraternités de quartier
Là où sont lancées des petites fraternités de quartier, centrée sur la Parole de Dieu, la prière et le service mutuel, des personnes deviennent disciples de Jésus et l’Evangile rayonne.
- une école de disciples
Proposez à certains paroissiens un parcours de formation chrétienne pour accueillir la présence de Jésus dans leur vie : une rencontre par semaine pendant six mois, avec une retraite au milieu. Avec la grâce de Dieu, la plupart deviendront des apôtres et serviront la communion dans la paroisse. Détails dans un prochain numéro !
(article paru dans la revue Il est vivant, mars 2012)