Dans ma paroisse, chaque semaine, un temps de rencontre autour de l'Evangile du dimanche suivant avait lieu dans une famille du quartier. Notre évêque nous y exhortait régulièrement : « Eteignez la télé, allumez l’Evangile. »
Nous avions institué la règle suivante. Une personne de la paroisse prête à nous recevoir fait signe à quelques amis de son entourage. Le prêtre chargé de la célébration participe à la rencontre. A 20h, partage d’un dessert, pour faire connaissance et prendre des nouvelles. A 20h30, nous lisons deux fois l’évangile du dimanche, à haute voix. Puis nous cherchons ensemble à le comprendre. Et nous concluons à 21h15, par un quart d’heure de prière autour d’une croix. Chacun peut dire, sous forme de prière, ce qu’il a reçu de la Parole de Dieu. Et nous pouvons confier nos intentions de prière. A 21h30, chacun rentre chez soi. La rencontre est volontairement courte, pour n’empêcher personne de venir.
Cette forme communautaire de lectio divina s’est avérée très adaptée pour des paroissiens qui ne savaient pas bien comment entrer dans l’écoute de la Parole de Dieu. Chaque soirée a été un temps de grâce merveilleux. Chaque fois nous avons eu le sentiment d’avoir rencontré le Christ, de façon très vivante. Certains s’en émerveillaient et témoignaient de leurs découvertes dans la foi. Alors que nous étions très différents, nous devenions frères et sœurs, partageant les joies et les souffrances les uns des autres. Et ces petites soirées nous ont permis de rencontrer des gens nouveaux.
Jean-Paul II souhaitait vivement, dans les paroisses, ces « petites communautés ecclésiales de base (…) où les fidèles puissent se communiquer mutuellement la Parole de Dieu et s'exprimer dans le service de l'amour » (Christifideles laici, 26). « Elles sont un signe de la vitalité de l'Eglise, un instrument de formation et d'évangélisation. » (Redemptoris missio, 51) Récemment Benoît XVI les encourageait aussi. Nos paroisses, pour être vivantes, doivent donc être des communautés de petites communautés.
D’ailleurs, au cours du XXème siècle, l’Esprit Saint a suscité de nombreuses petites fraternités de fidèles, sous des formes différentes : équipes des mouvements d’Action Catholique, groupes de prière, équipes du Rosaire, Equipes Notre-Dame pour foyers chrétiens, maisonnées de la communauté de l’Emmanuel, maisons de l’Alliance du Verbe de Vie, groupes de prière des mères, cellules paroissiales d’évangélisation, groupes de maison protestants, etc. C’est un réel appel de Dieu pour l’Eglise de ce temps.
« Quinze charbons, un seul est bien allumé ;
trois ou quatre le sont à demi ; et les autres pas.
Rapprochez-les, c’est un brasier ! »
(Pauline Jaricot, à propos des équipes du Rosaire vivant)
Comment faire pour susciter des fraternités paroissiales ?
- Commencer pour le temps de l’Avent ou du Carême. Ce sont des temps privilégiés pour proposer des rencontres hebdomadaires, sur une durée limitée. Les textes d’évangile sont porteurs. Si les gens sont touchés, ils voudront continuer à se réunir.
- Proposer un rythme régulier. Il vaut mieux une rencontre brève chaque semaine qu’une rencontre longue de temps en temps. Car la Parole de Dieu devient familière et les relations se construisent entre les personnes.
- Au menu de chaque rencontre, conjuguer vie fraternelle (autour d’un verre et d’un gâteau), écoute de la Parole de Dieu, partage où chacun s’implique librement et personnellement, prière. Une personne responsable veille à garder le cap.
- Ces fraternités sont ouvertes. Elles cherchent à accueillir de nouvelles personnes, en particulier les catéchumènes, ceux qui retrouvent la foi et les confirmands. Et c’est toujours une grande joie de recevoir des personnes qui découvrent que Dieu leur parle.
(article paru dans la revue Il est vivant, n° 292, avril 2012)
