Ce célèbre Gospel, comme vous ne l'avez jamais entendu !

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La joie de célébrer le Christ

Récemment, j’ai éprouvé la très grande joie de participer à la messe dans une assemblée qui célébrait avec ferveur la Nativité du Christ. On était porté par une liturgie belle, joyeuse et priante.

C’était une évangélisation puissante, de chacun d’entre nous d’abord. Et cela a renforcé en moi une conviction : les paroisses sont missionnaires quand elles célèbrent le Christ avec la joie de la foi.

Quand il a ouvert le troisième millénaire, Jean-Paul II a exhorté toute l’Eglise à « repartir du Christ ». A la question « que devons-nous faire ? », le pape répondait : non pas chercher naïvement une formule ou un programme qui nous sauvera mais une Personne, celle du Christ.  La vie de la paroisse est donc centrée sur le Christ Jésus. Et c’est le Christ expérimenté, célébré, partagé, annoncé et servi qui constitue l’activité centrale de la paroisse. Aussi le pape nous exhortait à accorder la plus grande attention à la célébration de la messe du dimanche, surtout, disait-il, dans les régions du monde en cours de déchristianisation où les chrétiens sont en train de devenir un « petit troupeau ».

Les communautés chrétiennes qui attirent sont des communautés heureuses avant tout de célébrer le Christ. C’est ainsi depuis le début de l’Eglise. Les actes des Apôtres nous présentent une première communauté qui « louait Dieu ». Ainsi, « tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut » (Ac 2, 47) La préoccupation des apôtres n’était donc pas de « faire tourner » les paroisses : ils n’en avaient pas ! C’était de louer Dieu, de célébrer la « fraction du pain » (l’Eucharistie) comme le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ.

Nos églises se remplissent quand nos paroisses célèbrent avec joie le mystère de Dieu. Dans les monastères que je visite, cette joie de célébrer le Ressuscité est perceptible. De même quand j’entre dans une église pentecôtiste. De même dans certaines paroisses catholiques. Parfois, des petites paroisses vivent la messe avec une grande intensité, alors que ni les lieux, ni les chants, ni la musique, ni la taille de l’assemblée ne soient extraordinaires. Mais dans d’autres paroisses, je suis saisi par un doute : les fidèles sont-ils vraiment conscients d’être en présence de Jésus vivant, le sauveur du monde, en présence de Dieu le Père, source de toute vie, en présence de l’Esprit Saint, source de tout amour ?

Une paroisse existe quand un petit noyau de chrétiens solidement enracinés dans la foi en Christ est l’âme de la communauté en prière.

 Pour que nos célébrations soient ferventes, elles doivent être portées par un prêtre et des fidèles profondément unis dans la foi et heureux d’adorer le Christ qui se livre à nous. Notre mission de prêtre n’est pas d’assurer une messe régulière dans tous les clochers, mais que des petites communautés brûlent de ce feu. Alors d’autres les rejoindront.

Une paroisse attire quand tout est ordonné à l’accueil du Christ Jésus durant la célébration dominicale.

 Même si c’est dans la plus grande pauvreté, tout peut et doit y concourir : l’accueil des personnes, le choix des chants, l’aménagement du lieu de culte, la façon de présider la messe, la Proclamation de la Parole de Dieu, le contenu de l’homélie, la prière universelle, les silences après l’homélie et la communion, etc. A la sortie de la messe, aurons-nous rencontré le Christ vivant ? L’aurons-nous vraiment célébré, consciemment ? Si oui, nos communautés grandiront. Tôt ou tard. Car la nouvelle évangélisation n'est pas d'abord un plus grand effort en termes d’activités, mais un plus grand effort de contemplation du Christ.

(article publié dans la revue Il est vivant, n° 290, février 2012)

Vivre en fils bien-aimé du Père : voilà notre conversion !
Baptême de Faustine Lery et Emile Carrelet
Ecully, 22 janvier 2012

Aujourd’hui, alors que nous sommes dans la joie de célébrer le baptême de Faustine et d’Emile, nous entendons Jésus dire : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » (Mc 1, 15)

« Les temps sont accomplis » : c’est le moment ! Nous y sommes !

« Le règne de Dieu est proche » : Dieu est avec nous, en Jésus. Il nous manifeste son amour et fait de nous ses fils.

« Convertissez-vous ! » Cela signifie-t-il « changez de comportement, soyez bons, ne faites pas le mal, ecc » ? Quand nous l’interprétons ainsi, nous partons sur la morale. Et cela devient assez vite pesant, voire insupportable, tant pour nous que pour ceux qui sont sur le seuil de la porte de l’Eglise. Sans parler de ceux qui nous regardent de l’extérieur. Bien sûr, il nous faut devenir meilleurs et arrêter de commettre le mal. Mais comment faire ? Nous buttons si souvent sur nos incohérences, nos faiblesses. Faut-il qu’on nous le rappelle une nouvelle fois ?
Que veut dire vraiment Jésus ? Il continue : « convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle ! » La première conversion qui nous est demandée est de « croire à la bonne nouvelle ». La morale viendra ensuite. Et quelle est cette bonne nouvelle : que nous sommes aimés de Dieu et que nous sommes ses enfants, en Christ, par le baptême. Si nous découvrons la beauté de cette relation avec Dieu, nous y trouverons la force pour changer nos comportements.

L’Eglise affirme que nous sommes devenus enfants de Dieu par le baptême, parce que ce jour-là l’Esprit de Jésus a fait de nous des fils (cf. Rm 8, 15). Quand Jésus a été baptisé, le ciel s’est ouvert et la voix de Dieu le Père a retenti : « tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1, 11). Ce n’est pas pour Jésus que Dieu a parlé. Il savait bien depuis toujours qu’il était le Fils du Père. C’est pour nous que Dieu a parlé. Et Jésus n’avait pas besoin d’être baptisé. Il l’a été pour nous. Parce que Dieu le Père voulait qu’en lui tous les hommes deviennent ses fils. Il voulait que nous soyons baptisés pour prononcer sur nous cette même parole : « Emile, tu es mon fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour »

Quand je préparais des parents au baptême de leur enfant, ils me disaient souvent : mon enfant est déjà aimé de Dieu. Il a reçu de lui la vie. C’est bien parce que Dieu l’aime. Que changera donc son baptême ? Il nous semble qu’il est déjà enfant de Dieu depuis sa conception.

Quelle est la nouveauté de l’amour de Dieu donné au baptême ?  Pour l’expliquer, nous avons reçu une petite parabole. C’est l’histoire de Jean. Il a 20 ans et loge dans un petit appartement. Jean a de très bonnes relations avec son propriétaire, René, un homme très bon. Quand le locataire a des travaux à faire, pour améliorer le confort de l’appartement, René s’empresse de les faire et les paye lui-même. Quand Jean avait du mal à payer son loyer, le propriétaire accepte sans se plaindre un retard de paiement. « Un jour, dit Jean, cet homme découvrit que j’étais orphelin et que j’étais au chômage. Il a été touché. Me voyant en grande difficulté, il m’a envoyé son fils, un homme de mon âge. Celui-ci m’a dit : mon père et ma mère te proposent de t’adopter pour que tu fasses partie de notre famille. J’ai accepté. Ce jour-là, tout a changé pour moi. D’abord parce que je n’ai  plus de loyer à payer (!), étant devenu héritier de la maison. Il m’en fait don. Et puis, sa présence m’a beaucoup soutenu durant cette période difficile. Grâce à lui j’ai rencontré plein de gens. J’ai retrouvé du travail. Et parmi les gens qu’il m’a fait connaître, j’ai trouvé ma femme. Nous nous sommes mariés. Il a payé la noce. Et avec ma mère adoptive, il s’occupe de garder nos enfants, quand nous travaillons tous les deux. Nos relations ont complètement changé. Avant, il était « mon proprio ». Maintenant, c’est un vrai père pour moi. Avant, pour se saluer, on se serrait la main. Maintenant on s’embrasse. Avant on se disait « monsieur ». Maintenant je l’appelle « Papa ». Un jour, il m’a dit : « Toi mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi. » (cf. Lc 15, 31)

Voilà la  grande nouveauté : nous sommes les enfants de Dieu. Nous sommes tellement aimés par lui que nous sommes de sa famille. Nous ne sommes plus seulement des créatures à qui il donne la vie. Nous sommes bien plus que les autres créatures de la terre : nous sommes ses enfants, nous sommes du « même sang » que lui. Et nous héritons de tous ses dons, de sa vie divine, de son Esprit Saint, nous sommes frères de son Fils unique, Jésus.

Notre conversion, c’est d’accueillir la grandeur de ce que nous sommes et d’en vivre.

Dans le métro, une petite fille se faisait insulter par deux autres copines, sans broncher. A la fin, elle a déclaré aux deux autres : « je  m’en fiche, je suis la fille de Dieu ! » Elle avait tout compris. Quelle force pour traverser l’existence ! Quelle espérance ! Nous sommes dans la main du Père. Rien ne peut nous arriver de grave. De là naît notre confiance en lui. Imprenable !
De cette réalité, naît aussi en nous le désir et la capacité de l’aimer de tout notre cœur. Qui n’aurait la volonté d’aimer un tel Père qui s’est manifesté si bon sous les traits de Jésus ! Car comment découvrir la bonté du Père ? Philippe le demanda à Jésus : « montre-nous le Père » dont tu nous parles tant, on aimerait bien le voir. Et Jésus de répondre : « qui me voit voit le Père » (Jn 14, 9) Jésus est donc le visage du Père. Dans la passion de Jésus, c’est tout l’amour du Père qui se manifeste. Dieu ne pouvait pas nous aimer plus : il nous a donné son propre Fils !
De là naît la confiance en la Parole de Dieu, parce qu’elle est la parole d’un Père. Il nous l’a donné en Jésus, le Verbe éternel. Les commandements que trop souvent nous considérons comme des carcans, qui limitent notre liberté, sont les paroles de vie que le Père dans sa bonté nous a donné pour que nous vivions et soyons heureux, en trouvant le chemin de la vérité de l’amour.  Et parfois sa Parole nous corrige, comme un Père corrige son enfant pour son bien.
Et cette paternité de Dieu éclaire toutes nos relations. En effet, parce que nous avons un père en commun, nous sommes frères. Toutes nos mairies de France porte cette mention « liberté – égalité – fraternité ». Le fondement de cette fraternité, c’est justement le mystère de Dieu révélé en Jésus.

Autre aspect de sa bonté paternelle : Dieu est Providence. Il nous donnera ce dont nous avons besoin, au long de notre existence sur cette terre, si acceptons de nous en remettre à lui. Cela est vrai pour tant de choses, y compris matérielles.

Certains d’entre nous, ici présents, ont traversé de très grandes épreuves. Et ils savent que Dieu a toujours été bon, même si la maladie et les deuils sont incompréhensibles. Et ils savent que la paix et même la joie sont données à celui qui s’en remet totalement à Dieu le Père par Jésus.

Dieu pourvoit à tous nos besoins. Cela est  vrai aussi pour les missions qu’il nous a confiées. Je pense en particulier à votre mission de parents, si belle et parfois si délicate. Comment éduquer les enfants que Dieu vous a confiés ?  A quel moment vos enfants ont-ils besoin de rappel de la l’exigence de la loi, qui les aide à grandir, en restant à leur juste place ? A quel moment ont-ils besoin de votre pardon, qui passe par la souplesse, pour que leur grande valeur aux yeux de Dieu leur soit manifestée avec largesse ? Demandez-le, chaque jour, à Dieu le Père. Vous êtes à son image, comme père et mère. Il vous donnera son cœur de père, et vous éclairera sur le besoin de votre enfant, en particulier les jours où il est en difficulté.

En leur apprenant à prier « Notre Père », vous allez orienter ainsi le cœur de vos enfants votre leur Père éternel,  pour qu’à la fin de leur vie, ils puissent aller vers lui pour toujours. C’est le but de leur éducation : pouvoir vivre de ce don reçu au jour du baptême.

Ce que nous allons voir durant ce baptême, par immersion, ce sont deux petits enfants plongés dans l’eau. Cela sera très beau, mais très simple, aux yeux de la chair. Ce que va se passer réellement et que nous verrons dans la foi, c’est qu’ils vont devenir le fils et la fille bien-aimés de Dieu le Père, par Jésus et dans l’Esprit, pour toujours.  « Voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu- et nous le sommes ! » (1 Jn  3, 1) Bénissons Dieu !

Une série de vidéos très bien faites sur l'accueil de la vie.